OPPORTUNITÉS DANS LE SECTEUR DE TIC ET SERVICES FACILITES PAR LES TI ET OBJECTIFS PRIORITAIRES.

Image

De par le faible niveau de développement d’Haïti, le secteur des TIC souffre d’une insuffisance d’infrastructures et de services dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC). Ces faiblesses constituent autant d’opportunités d’investissement dans ce secteur qui a connu entre 2006 et 2012 un boom sans précédent à travers le segment de la téléphonie mobile avec l’injection de 660 millions de capitaux frais étrangers par DIGICEL et Viettel. Ces deux compagnies continuent aujourd’hui encore d’y investir tout en se diversifiant dans des services axés sur l’utilisation de la fibre optique, contribuant ainsi à l’élargissement de l’assiette fiscale.

En dépit des insuffisances infrastructurelles, les télécommunications sont globalement en expansion en Haïti avec un taux de pénétration de 55 % du territoire et une couverture nationale de plus de 90 % pour les services de télécommunication de base. Le secteur des TIC doit en partie son expansion au segment de la téléphonie mobile qui s’est révélé jusqu’ici assez dynamique, même si le nombre d’abonnés (60 pour 100 habitants) est resté très deçà de la moyenne des pays de l'Amérique latine et des Caraïbes (106 pour 100 habitants). C’est à peu près la même situation, toute proportion respectée, en ce qui concerne l’Internet pour lequel le nombre d’utilisateurs (8,5% de la population) accuse une tendance à la hausse mais demeure relativement faible comparé à la moyenne des autres pays de la région. Selon l’association des opérateurs de téléphones mobiles, ce segment particulier du secteur des TIC contribuerait pour le moment à hauteur de 3,8 % du produit intérieur brut (PIB) avec la possibilité d’atteindre les 5,8 % lorsque le potentiel des chaînes de valeur des produits liés aux TIC et des services facilités par ces derniers sera pleinement exploité.

D’un autre côté, les services de paiement par téléphone mobile (argent mobile) sont en nette augmentation, contribuant ainsi à monétiser l'économie et à rendre plus facilement accessibles des services bancaires et financiers sur les marchés locaux, régionaux et internationaux. La téléphonie mobile fait également le lien entre producteurs et acheteurs dans le secteur agricole, plus particulièrement dans la filière riz, où elle est utilisée comme moyen de paiement.

Les services facilités par les technologies de l’information ne sont pas non plus en reste avec la DIGICEL qui a relocalisé son centre d’activités en Haïti d’où elle gère désormais toutes ses opérations. Parallèlement, d’autres entreprises font leur entrée dans ce segment de marché. Au nombre de ces dernières, il y a lieu de relever Triangular qui dispose de son propre câble de fibre optique et tout un ensemble de petits fournisseurs de services dont des micro-centres d'appels connectés aux réseaux des grands opérateurs internationaux.

Les services TIC contribuent également à l'efficacité de l’administration haïtienne, notamment celles des services douaniers (avec SYDONIA) ainsi que celle d’autres services liés aux investissements (formation de sociétés, information commerciale, etc.) et aux processus de passation de marchés publics.

CONTRAINTES AU DEVELOPPEMENT DU SECTEUR DES TIC

L’étude diagnostique sur l’intégration du commerce (EDIC) a identifié diverses contraintes à la croissance et à la compétitivité du secteur des TIC en Haïti. Au nombre de celles-ci, il convient de souligner:

  • le niveau de la demande qui, en dehors du segment de la téléphonie mobile, s’avère très faible en raison, d’une part, du pouvoir d’achat limité de la grande majorité des utilisateurs potentiels et, d’autre part, d’une connaissance imparfaite des techniques d’accès à ces services ou d’un manque de proximité et d’accessibilité de ces derniers au plus grand nombre.
  • Le manque de fiabilité et le niveau élevé des tarifs de connexion qui ne favorisent pas une consommation de masse plus significative dans le pays ;
  • les faiblesses institutionnelles du Ministère de tutelle et de l’organisme régulateur (CONATEL) qui, en absence d’un cadre d’orientation stratégique avec des priorités clairement définies, naviguent pratiquement à vue ;
  • l’insuffisance de moyens, en termes de compétences techniques, qui ne facilite pas l’appropriation effective des technologies de l’information et de la communication ;
  • l’inadaptation du cadre juridique aux défis de l’heure et aux exigences liées au développement de l’économie numérique ;
  • l’absence d’informations chiffrées et pertinentes pour pouvoir mieux comprendre la situation du secteur et planifier son développement ;
  • les faiblesses infrastructurelles en ce qui concerne les réseaux à large bande, etc.

La CONATEL a prévu de faire face à ces contraintes à travers quatre (4) idées de projets ainsi formulées :

  1. Idée de projet I.2.-Renforcement de la capacité d’accès au Large bande international
  2. Idée de projet I.3.-Mise en place de l’observatoire des marchés TIC
  3. Idée de projet I.4.-Mise en place de centres technologiques polyvalents
  4. Idée de projet II.13.-Programme de promotion du commerce des services de télécommunications et des services facilités par les technologies de l’information (SFTI/PBO)

L’idée de projet 1 (codée I.2) a consisté à promouvoir le développement à l'échelle nationale des infrastructures de réseaux à large bande (très haut débit) d’une grande importance pour Haïti qui en a besoin pour effectuer le saut stratégique qui s’impose de l’analogue vers le numérique.

Le résultat attendu est un accès ouvert et partagé aux réseaux de large bande, prévoyant des mesures destinées à promouvoir des investissements dans ce type d’infrastructure et à renforcer les capacités institutionnelles pour l’innovation et la croissance.

L’idée de projet 2 (codée I.3) a eu pour objet de mettre à disposition, sur une base périodique, des informations chiffrées et pertinentes sur les indicateurs de marché, notamment l’infrastructure existante, les domaines d’activités couverts ou services offerts, leurs structures (nombres d’opérateurs, leurs parts de marché respectives, etc.), les prix pratiqués, le comportement des consommateurs et les tendances du marché dans son ensemble, etc.

Il est attendu de la mise en place d’un observatoire des marchés TIC qu’il permette de mieux comprendre la situation du secteur et de planifier son développement en anticipant les obstacles potentiels à sa croissance et à sa compétitivité et en prenant des mesures susceptibles de permettre de les résoudre, minimiser ou contourner.

L’idée de projet 3 (codée I.4) s’est voulue pour objectif de doter le pays de moyens propres à faciliter la maîtrise des technologies de l’information et de la communication (TIC) et à les rendre accessibles au plus grand nombre à travers des services de qualité.

L’effet escompté a été de multiplier de manière équilibrée, c’est-à-dire à travers le territoire, des centres technologiques polyvalents à valeur d’incubateurs à l’effet de mobiliser un réseau de jeunes volontaires pour la sensibilisation de la population à l’usage de ces technologies.

L’idée de projet 4 (codée II.13) s’est résumée à l’élaboration d’un plan directeur définissant, de manière prospective, les orientations stratégiques et les priorités, en matière de technologie de l’information et de la communication (TIC), de services à promouvoir ou à faciliter et de résultats à atteindre.

Il est recherché comme résultat de doter le pays de moyens (compétences techniques) et d’outil stratégique (plan directeur) pour lui permettre de s’approprier effectivement les technologies de l’information et de la communication (TIC) et d’en faire un vecteur efficace à l’amélioration de la qualité de l’éducation et des processus organisationnels des entreprises, à la promotion et à la valorisation des services facilités par les TIC.

LES QUATRE (4) PROJETS DE LA CONATEL A LA TABLE-RONDE DES DONATEURS DU 14 SEPTEMBRE 2017

Le CONATEL a recadré ces trois projets du pilier I (I.2, I.3 et I.4) et celui du pilier II (II.13) pour en faire un tout cohérent. L’UE n’a pas prévu de coopérer dans la filière des télécommunications. Tel n’est pas le cas pour la BID qui a conditionné son financement à l’existence d’un cadre légal.